LE CORPS SPIRITUEL

par | 28 Oct 2020 | La naturopathie, Mon approche | 0 commentaires

“Qui suis-je ? Pourquoi suis-je ici ? Ma vie a-t-elle un sens ?”

Des questions fondamentales qui traversent l’humanité et qui dépassent les croyances religieuses.

La dimension spirituelle de notre existence n’est pas, en effet, une croyance ; on en fait tou.te.s l’expérience lorsque la question du sens surgit dans notre vie. Les réponses que nous donnons alors correspondent à notre vision du monde ; elles révèlent à l’inverse nos croyances.

Croyance en un monde incompréhensible ou bien soutenant, croyance en une place à part de l’homme dans l’univers ou bien dans l’unité du vivant, croyance en un corps physique impuissant ou en une vision holistique…

Notre vision du monde est corrélée à notre vision du corps. Ainsi, renouer avec l’unité de notre corps et intégrer toutes ses dimensions peut devenir une pratique spirituelle.

C’est l’invitation de la roue médecine, une des plus anciennes représentations de la cosmologie du monde, qui se matérialise par des cercles réalisés à l’aide de pierres, de fleurs à même le sol à de nombreux endroits en Amérique du Nord.

Les amérindiens lui attribuent le pouvoir de renouer avec les cycles naturels pour restaurer une harmonie, un équilibre physique, psychique et spirituel.

Le cercle représente l’Univers, le cycle de la Nature et de la vie.

Le terme “Médecine” représente la force de vie, notre capacité à guérir et nous élever spirituellement.

Au centre de la roue, se trouve le divin, la Terre Mère, l’Univers ou encore notre âme.

Les 4 points cardinaux représentent :

  • un mental sain (l’Est)
  • un corps en santé (le Sud)
  • une paix du cœur (l’Ouest)
  • une vie spirituelle riche (le Nord)

Auxquels sont associés les étapes de la vie, les saisons, les dimensions de l’être, les éléments, les couleurs de l’humanité.

Un rituel nous permet de la construire et de tourner autour pour recevoir la médecine de chaque direction.

Pratique spirituelle, pratique corporelle

« Existe-t-il une séparation entre le corps et l’esprit, et si oui, lequel est-il préférable d’avoir ? »

Cette citation de Woody Allen est à la fois une invitation à ne pas se prendre au sérieux mais aussi à poursuivre notre tentative d’unir notre corps et notre esprit.

Une pratique spirituelle devient alors une pratique corporelle. Cette tentative se retrouve dans de nombreux écrits philosophiques de l’Antiquité à nos jours.

Ainsi le philosophe Xavier Pavie écrit « Les pratiques du corps, qu’elles soient douces, calmes, simples ou intenses et extrêmes, semblent clairement être des lieux d’exercices spirituels. Plus exactement, elles semblent même nécessaires pour leur pleine réalisation. Tout travail somatique avec ses règles, ses exigences et sa rigueur nous paraît rappeler l’essence de la philosophie antique tant dans sa volonté́ de transformer les individus que dans sa volonté́ de se connaître soi-même. »

Dans son article « Le corps, matière d’exercices spirituels » il prend l’exemple de la marche comme pratique physique et spirituelle : une occasion de réfléchir sur soi, de pratiquer une introspection ou bien encore de s’oublier pour dépasser son identité et ne devenir qu’un corps qui marche.

Le chemin est d’ailleurs une métaphore pour le développement spirituel que l’on appelle souvent un cheminement.

Il s’agit alors de marcher dans nos géographies intimes à la découverte de soi.

Pour l’anthropologue David Le Breton,  marcher est   un « acte de résistance » aux impératifs de vitesse et d’efficacité de notre quotidien. Le marcheur prend son temps et renoue avec un rythme intérieur, celui du retour sur soi ou de l’égrenage de souvenirs, celui de la disponibilité à ce qui l’entoure.

L’important n’est pas le but à atteindre mais le trajet parcouru.

La marche devient un temps de ressourcement ; mais aussi une expérience charnelle où l’on renoue avec son corps physique et la « chair du monde ».

La marche comme une expérience holistique et une pratique spirituelle en somme à l’image du pèlerinage.

Sources d’inspiration

Je poursuis cette exploration du corps spirituel par la présentation de quelques figures contemporaines de la spiritualité, sources potentielles d’inspiration et d’exploration.

Endocrinologue de formation, ancien adepte de la méditation transcendantale, Deepak Chopra, qui vit aux États-Unis, se revendique aujourd’hui de la médecine ayurvédique.

Il a fondé l’Association américaine de médecine ayurvédique et a été précurseur dans ses rapprochements entre la physique quantique et les médecines holistiques.

Dans “Le Corps quantique” il lie les développements de la physique, biologie, médecine, et les grands principes des philosophies spirituelles.

« La science nous permettra de mieux comprendre la spiritualité. Tout au moins la physique moderne qui a dépassé les limites de la matière et pour qui l’univers est un vaste océan d’énergie, de conscience et de lumière. »

Son livre « Les sept lois spirituelles du succès » a été traduit dans une trentaine de langues et ses détracteurs s’en prennent à son empire commercial, aux tarifs de ses conférences et aux bases scientifiques de ses écrits.

Toujours est-il qu’il est un pionnier dans la création de ponts entre les médecines holistiques et la physique moderne et qu’il offre de nombreux contenus gratuits en ligne dont de multiples accompagnements à la méditation à l’aide de mantras.

Voici comment D. Chopra définit la spiritualité : « La spiritualité est l’expérience de ce domaine de la conscience où nous expérimentons notre universalité. Ce domaine de la conscience est la conscience du cœur qui réside au-delà de notre mental, de notre intellect et notre ego. (…) nous comprenons que l’expérience spirituelle est fondamentale pour tous et similaire à tous. Cette expérience peut être vécue par tous dans la pratique de la méditation, la prière, la recherche de soi par la contemplation, l’expression de l’amour et la compassion dans l’action, la recherche intellectuelle du sens profond de la vie et le service désintéressé.»

Eckhart Tolle est un écrivain Allemand et conférencier, résident canadien, connu comme étant l’auteur des ouvrages : « Le Pouvoir du moment présent » et « Nouvelle Terre ». Tolle raconte qu’il s’est senti déprimé la plus grande partie de sa vie jusqu’à ce qu’il connaisse, à l’âge de 29 ans, une « transformation intérieure » à la suite de laquelle il passa plusieurs années sans-emploi à vagabonder « dans un état de félicité profonde », un pur état de conscience du moment présent.

Il fait des séjours dans des monastères bouddhistes et comprend qu’il a vécu la même expérience que les bouddhas. S’ouvre alors devant lui une nouvelle carrière de conseiller spirituel.

Il fait partie de ce courant spirituel laïque inauguré par Krishnamurti que l’on retrouve aussi dans l’approche de la pleine conscience.

Avec « Le pouvoir du moment présent – Guide d’éveil spirituel » il propose de revenir dans un langage simple à la Source de toute spiritualité : la conscience de l’instant présent.

« La vérité, c’est que le seul pouvoir qui existe est celui propre à l’instant présent : C’est le pouvoir de votre présence à ce qui est. Une fois que vous savez cela, vous réalisez également que vous-même et personne d’autre êtes maintenant responsable de votre vie intérieure et que le passé ne peut pas l’emporter sur le pouvoir de l’instant présent. »

Sur ce chemin, E. Tolle nous invite à nous désidentifier de notre mental et à faire l’expérience de notre corps.

L’identification au mental alimente son activité, la pensée devient alors compulsive et incessante. S’identifier au mental nous empêche de vivre dans l’instant présent car il se nourrit du passé et du futur qui ne sont que des illusions.

La seule réalité tangible étant le moment présent. Y résister est à l’origine de toutes nos souffrances.

Il nous invite à devenir l’observateur de nos pensées et à ressentir notre corps.

Ces pratiques nous ouvrent les portes d’un nouvel état de conscience dans l’instant présent.

Sandra Ingerman

« Pour les chamans du monde entier, la maladie est toujours un désordre spirituel : c’est une perte d’âme ou une diminution d’énergie spirituelle essentielle. Si l’âme quitte totalement un patient, celui-ci meurt. D’où il suit que si le chaman est capable de recouvrer les parties manquantes de son âme, un individu peut retrouver l’harmonie et le bien-être. » Sandra Ingerman, « Recouvrer son âme »

Le chamanisme est la plus ancienne pratique spirituelle. C’est une expression de l’animisme, mot vient du latin animus(« esprit », « âme »), selon laquelle un esprit, un souffle anime les êtres vivants, les objets mais aussi les éléments naturels. Ces âmes ou ces esprits mystiques, manifestations de défunts ou de divinités animales agissent sur le monde.

Il y aurait donc une continuité entre l’intériorité humaine et celle de tous les êtres du monde. Leur différence viendrait de leurs propriétés et de leurs manifestations physiques (forme du corps, manières de faire, attributs matériels).

Le chamanisme n’est pas une religion et n’impose aucune croyance, aucun dogme. C’est une philosophie, une manière de vivre en harmonie avec les éléments, proche des tendances écologiques actuelles en Occident.

La chamane américaine Sandra Ingerman a largement participé à l’émergence des pratiques chamaniques contemporaines. Elle a publié de nombreux livres dont : « Initiation au voyage shamanique », «Recouvrer son âme et guérir son moi fragmenté ».  

Psychologue de formation, elle est membre de la Faculté Internationale de la Fondation pour les Études Chamaniques que dirige Michael Harner, qui a créé le concept de « core chamanisme » pour bien le différencier des pratiques autochtones.

Le mot chamane, d’origine toungouze (langue de Sibérie) vient, en effet, du terme « saman » et signifie « celui qui voit dans la nuit ».

Dans les sociétés traditionnelles, le chamane est un homme-médecine, un guérisseur, un intermédiaire entre les mondes dans lesquels il peut voyager à sa guise, escorté de ses esprits tutélaires.

Étant occidentaux, Michael Harner considère que nous ne pouvons pas pratiquer le chamanisme comme le feraient des chamanes amérindiens, huichols ou sibériens car notre rapport au temps est différent et notre vie non communautaire.

Le chamanisme que pratique Sandra Ingerman n’est donc pas un chamanisme culturel mais une voie moderne.

Miguel Ruiznait en 1952 dans une famille de guérisseurs au Mexique. Il devient neurochirurgien avant qu’une expérience de mort imminente transforme sa vie. Il retrouve alors le savoir de ses ancêtres toltèques, devient chaman et transmet cette sagesse.

Dans son livre « Les quatre accords Toltèques » il décrit les humains comme vivant dans un rêve où notre éducation et notre culture édictent des règles, des habitudes et nous éloignent de la réalité.

C’est en fait un cauchemar où peur, souffrance, injustice et violence règnent en maître : nous (nous) jugeons en permanence, portons des masques et finissons par devenir nos propres bourreaux.

Les 4 accords nous guident pour en sortir.

Que votre parole soit impeccable

Il s’agit de la puissance des mots. Parler avec intégrité, ne dire que ce que nous pensons et ne pas utiliser la parole contre vous ni pour médire d’autrui nous soutient ; alors que des paroles destructrices (critique, jugement, insulte, mensonge…) nous détruisent.

Quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle

Ce que les autres disent et font n’est qu’une projection de leur propre réalité. C’est une invitation à nous immuniser contre la parole destructrice des autres, car elle ne peut nous atteindre sans notre accord, et à laisser à l’autre la responsabilité de ses actions.

Ne faites pas de suppositions

Poser des questions et exprimer nos désirs permet de communiquer clairement avec les autres et d’éviter les malentendus. Nos suppositions sont des créations de notre pensée, qui deviennent vite une croyance («Cet ami est fâché contre moi»), puis un comportement («Je ne l’aime plus non plus») source de stress.

Faites toujours de votre mieux

Notre “mieux” change en permanence en fonction de nos moyens, de nos ressources et faire de notre mieux, quelles que soient les circonstances, permet d’éviter le piège de la course à la perfection. On peut ainsi remplacer nos « Je dois » par des « Je peux ».

« âme » (du latin anima, apparenté au grec ἄνεμος, vent, souffle)

« À part le bouddhisme dans la version la plus extrême de sa doctrine, toutes les grandes traditions spirituelles ont pour point commun d’affirmer une perspective de l’âme située au-delà de la mort corporelle. Cette affirmation est basée sur l’idée que l’âme de chaque être est reliée au Souffle primordial qui est, je l’ai dit, le principe de Vie même. Compte tenu de ce fait, notre âme, animée par un authentique désir d’être, a le don de nous rappeler – quelle que soit notre « croyance » – combien la vie de chacun participe d’une immense aventure. »

François Cheng, « De l’âme », membre de l’Académie française, François Cheng, poète, philosophe, romancier et calligraphe.

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